Ancienne cité arabe située au nord d’Al-Jazira, Hatra a connu son essor durant les premiers siècles de l’ère chrétienne. Par deux reprises, elle a réussi à opposer une résistance aux Romains grâce à sa muraille dominée par de grands tours. Néanmoins les Perses d’Ardachîr I et Shapur I réussirent à venir à bout d’elle en 241. Aujourd’hui baptisé « al-hadr », c’est-à-dire « l’agglomération », les vestiges de cette vieille ville, en l’occurrence ses temples ainsi que les ruines de sa muraille font d’elle un lieu très prisé. Au XXe siècle des archéologues allemands passèrent aux peignes fins le site qui fit plus tard objet d’une reconstruction.

Les nombreuses fouilles effectuées par les archéologues à Hatra ont favorisé la découverte de plusieurs statues représentant différentes classes de personnes. Ainsi vous découvrirez des statues à l’image des rois Uthal et Sanatruq, celles des princesses Washfari, filles de Sanatruq, Ubal, fille de Jabal, ainsi que celles des dignitaires, tous en tenue de parade. Au nombre des divinités découvertes sur le site, celle de Baal-Shamin, dieu barbu, était la plus impressionnante. On le découvre, vêtu d’un costume d’empereur, avec à ses côtés deux aigles. Ont été également découvertes sur le site d’impressionnantes statues en bronze dont les caractéristiques attirent vivement le regard.

Par anastylose, les archéologues irakiens ont reconstruit les principaux monuments faisant partie de Hatra avec des pierres de grande taille. Ces monuments étaient disposés dans une enceinte sacrée de forme rectangulaire. Son côté central était occupé par le temple dédié à la divinité principale de la ville : le « temple de Marân ». Un autre temple, le temple hellénistique, occupait également l’esplanade de l’enceinte. Cette dénomination fut attribuée audit temple par les fouilleurs du site. De nombreux autres centres que vous découvrirez font également partie de cette enceinte qui puise son originalité de l’influence grecque et romaine.

Le groupe islamique ISIL avait annoncé au début de cette année son projet de détruire de nombreux artefacts de Hatra. Pour les membres de cette organisation, les images taillées qu’abrite ce site n’épousaient pas la doctrine de la religion islamique, car elles prônaient le polythéisme. En conséquence, elles n’avaient pas de raison d’être. Peu de temps après cette annonce, les militants Isis publièrent une vidéo où ils passaient à l’acte, mettant ainsi en exécution leur menace. Avec des marteaux et des Kalachnikovs, ils détruisirent une partie de Hatra, sacrifiant un site préservé depuis mille quatre cents ans par divers régimes islamiques. Un crime contre l’humanité que fustigea vivement l’UNESCO.