Les traditions naissent de croyances, et celles-ci à leur tour prennent racine au cœur des civilisations. En voici une toute spéciale : la règle de l’Abadon. Par cette règle « aucune créature femelle n’est admise au mont Athos ». L’Abadon trouverait son origine dans un récit apocryphe selon lequel la Vierge Marie aurait demandé à Dieu le mont en présent. Ce que femme veut, Dieu ne le veut-il pas ? Lorsque cette femme se trouve être la bienheureuse, la demande ne peut qu’être exaucée. Ce fut le cas. Dès lors, le mont Athos est considéré comme le « Jardin de la Vierge Marie », interdit à toutes autres femmes.

L’accès au mont Athos est rigoureusement contrôlé. La détention d’un laissez-passer est obligatoire. Autrefois, il n’était donné uniquement par les autorités athonites à Thessalonique, sur présentation d’une lettre de motivation rédigée en grec. L’obtention de ce document peut s’effectuer aujourd’hui aisément en ligne, par fax ou par téléphone. Assurez-vous donc d’avoir votre Diamonitirion avant le voyage. Valable pour quatre jours, le Diamonitirion est réservé aux hommes de plus de 21 ans et peut être renouvelé pour une même durée à Karyès, la capitale.

En l’an 1054, lors de la grande dislocation d’Orient, l’Église de Rome se sépare des autres tendances conduites par Constantinople. La première se désigne alors comme catholique, ce veut dire « universelle » en grec, tandis que les autres se nomment Église orthodoxe. D’un point de vue théologique, le schisme est né d’une divergence sur un point plutôt pointu : savoir si, dans la trinité chrétienne, l’Esprit-Saint découle de Dieu le père, du Christ, ou des deux à la fois. Religion majoritaire en Grèce, avec environ 250 millions de fidèles, l’orthodoxie s’impose comme la troisième confession chrétienne dans le monde après le catholicisme et le protestantisme.

Les moines orthodoxes étaient autrefois appelés dans certaines langues « caloyers ». Ceux du mont Athos sont surnommés « agiorites », c’est-à-dire « habitant de la Sainte Montagne ». Les supérieurs sont appelés des Higoumènes ou Archimandrites. Les moines portent un nom précis selon la charge qui leur est confiée. Cela va de soi donc qu’ils en changent lorsqu’ils sont mutés à un autre office. Ainsi, l’orateur des lectures édifiantes à l’église et au réfectoire sera, par exemple, appelé « anagnostis » tandis que celui qui assure l’accueil des hôtes portera le nom de « archondaris ».