À l’origine, ce lieu à flanc des collines d’Argolide était le sanctuaire d’Esculape, divinité de la Médecine. Les pèlerins accouraient de toute la Grèce pour y être guéris par Esculape qui pouvait soit guérir pendant le sommeil, soit se révéler par des rêves que les prêtres interprètent ensuite en thérapie. Ces traitements pouvaient s’accompagner de divertissements, bains, et exercices physiques. Comme dans tous les sanctuaires grecs, des spectacles sportifs et d’art dramatique s’organisaient en l’honneur des dieux. Des vestiges importants d’équipements sportifs ont été retrouvés dans le sanctuaire. Mais ce qui rend surtout célèbre le site, c’est son théâtre.

Creusé dans une colline qui domine le sanctuaire, le théâtre d’Épidaure a la forme d’une portion de cône. Des sièges d’honneur en pierre, équipés de dossiers, viennent en premier, tout autour de l’orchestra. Lors de la construction, l’orchestra en forme de cercle et en terre battue, limitée par des dalles de marbre, accueillait les acteurs ainsi que des musiciens et des danseurs. La scène carrée, dont on distingue encore les fondations, fut ajoutée plus tard, de même que le proscenium, avec ses 14 poteaux. L’accès se fait par des portiques monumentaux situés de chaque côté de la scène.

Le koilon, le creux, formant l’ensemble des sièges des spectateurs, évolue en un hémicycle disposé en 55 rangées, séparé en deux degrés par un couloir appelé « diazôma ». Il était formé, au départ, de 34 volées de marches, avec une capacité d’accueil de 6 200 spectateurs répartis sur 12 sections séparées par 13 escaliers. Le niveau supérieur, qui fut ajouté au IIe siècle av. J.-C., compte 21 gradins et 22 sections. Ainsi, la capacité du théâtre se trouva portée à 12 000 spectateurs. D’un rayon de 58 m, le sommet des gradins se trouve situé à 22,50 m au-dessus de l’orchestra.

L’acoustique extraordinaire du théâtre antique grec d’Épidaure a fait la renommée du monument. En effet, le moindre son produit au bas des gradins se propage jusqu’aux rangées situées en hauteur. Les visiteurs ne manquent pas de faire l’expérience par des chuchotements, une pièce d’argent laissée tombée ou une allumette frottée en plein centre de l’orchestra. Les capacités de cette acoustique sont si impressionnantes qu’elles permettent à un acteur sur la scène, en plein air, d’être entendu au dernier rang, à une distance de près de 60 mètres. Impressionnant, n’est-ce pas ? En tout cas, architectes et archéologues s’interrogent depuis longtemps sur les raisons de ce miracle acoustique.