La gorge de Khyber exerce une influence quasi magique sur les visiteurs : l’impression de la découvrir à chaque passage. On eût dit qu’elle revêt de nouveaux habits à chaque fois qu’on la parcourt. Bien d’autres chemins guident les voyageurs à travers ces montagnes. On peut citer notamment ceux de Tochi, Kurram ou encore Gamal. Mais le défilé de Khyber fut la boussole d’Alexandre le Grand qui devait rejoindre l’Inde en partance de la Grèce. C’est également la voie choisie par les troupes mongoles ou perses en quête de nouvelles terres à conquérir par l’Islam. Si la passe paraît inexplorée, ce n’est donc qu’une illusion.

Le chemin sinueux servit dans des causes plus modernes. Il vit marcher les troupes britanniques en guerre contre les résistances à leur installation dans la région. En 1848, un convoi de 16 500 soldats et de civils périt non loin de ce couloir, sur Gandamak. Le seul rescapé de cette tuerie perpétrée par les résistants ghilza, le médecin William Brydon, dévia de Khyber. Il dut la vie à cette fuite. De multiples traces anglaises demeurent perceptibles à l’entrée et tout au long de la passe. Vous admirerez notamment le fort installé par les Anglais au point le plus réduit du chemin et une voie verrée en piteux état.

Les monts afghans entourant la voie s’élèvent jusqu’à 4 761 m d’altitude. Le col de Khyber ne vous permettra pas d’atteindre ces limites vertigineuses, mais vous pourrez les apercevoir d’un peu plus bas à 1070 m. À certains endroits, le passage se rétrécit, au point de se réduire à une portion de 15 m, à d’autres niveaux, la route s’élargit sur plus de 1 500 m. Cette inégalité contribue à rendre le parcours intéressant. Vous ne manquerez pas d’apprécier les multiples détours du véhicule jusqu’à la frontière afghane.